vendredi 29 juin 2012

Further North – The Lakes


Un peu plus haut sur la route, à la limite de l’Ecosse. Le Lake district, aussi beau et sauvage que dans mes souvenirs embrumés d’il y a combien ? des lustres… That trip was well over due. 

Pays de lacs profonds et de forêts de chênes, de torrents et de petits ponts de pierre, de murs de pierre sèche et de moutons, encore, partout. 

Les anciennes Pennines se reflétant dans les lacs lui donnent un air presque alpin. Les verts noyés de brume, les hautes fermes blanches aux toits d’ardoises, les moutons, rappellent étrangement les paysages de la Soule. La végétation de fougères, de bruyère et d’ajoncs, elle, est pourtant définitivement bretonne.

 Notre hôtesse se nomme Jacques, du nom d’un soldat resté là du temps ou les français se battaient aux côtés des Stuart contre la couronne d’Angleterre. Ce pays fut alternativement Anglais et Ecossais, plusieurs fois, au rythme des batailles. Les gens du coin ont de la mémoire, ils se souviennent encore de l’endroit exact où un brasier était allumé sur la montagne pour prévenir de l’avancée des ennemis.

C’est aussi la région d’une des spécialités locales les plus connues d’Angleterre, la Cumberland sausage, une saucisse de porc très épicée et poivrée, que l’on cuit enroulée sur elle-même. K. nous accueille avec ce plat typique, la saucisse, achetée chez le meilleur charcutier du coin, accompagnée de purée de pommes de terre et navets et de gravy aux champignons, est délicieuse, pas trop grasse, avec un surprenant arrière-goût de noisette.

Il en restait le lendemain pour le petit déjeuner…

K. nous avait dit : « Je vais vous montrer MON Lake District ». Celui qu’elle parcourt le matin quand elle va au boulot, ces paysages dont les couleurs changeantes au gré des brumes et des nuages inspirent ses tableaux. Nous partons pour Castlerigg stone circle et Derwentwater.

Je ne peux m’empêcher de penser que les hommes qui ont placé là ces pierres levées il y a 5000 ans avaient un profond sens de l’esthétisme. Quelle que soit la destination de ces cercles de pierre, ils me paraissent empreints d’admiration et de respect pour le paysage qui les entoure. Enserrée par les montagnes aux noms étranges, Skiddaw, Blencathra, Helvellyn, comme un amphithéâtre, l’empreinte humaine ajoute encore à la beauté du lieu, sauvage, profondément émouvante. J’ai touché les pierres et fait un vœu.


Dans la vallée, le lac de Derwent water est calme, paisible. Peu de touristes. Quelques bateaux, sillages sur le lac. Un banc sur un promontoire entre les hauts chênes et les pins. Contemplation.

Retour par le col de Kirkstone Pass et ses paysages désertiques, puis Ullswater qui serpente indéfiniment entre les montagnes. Un pub confortable sur les bords du lac, une bonne pinte de Cumberland ale, que demander de plus ?

Un peu de fudge peut-être, comme celui acheté à Penrith, dans la boutique toute bleue ornée de la photo du Prince Charles ? Celui-ci est censé être un des meilleurs d’Angleterre, et, tout frais, il était délicieux et particulièrement addictif.

J’en ai refait l’autre jour, différent, plus crémeux, à base de clotted cream, cette crème très épaisse originaire de Cornouilles ou du Devon - à mi-chemin entre la crème fouettée et le beurre en fait - que les anglais étalent sur les scones. A Paris, on en trouve chez Marks&Spencer. Ailleurs, je ne sais pas. On peut en fabriquer parait-il, à partir de crème fraiche crue. En tout cas, si vous en trouvez, n’hésitez pas, elle a un goût inimitable.


Clotted cream fudge
  • 275g de sucre brun
  • 100g de golden syrup*
  • 227g de clotted Cream
  • ½ cc d’extrait de vanille
* je n’en avais plus, j’ai utilisé du glucose. A défaut, du sirop d’érable ou du miel peuvent convenir aussi je pense.
Beurrer un petit moule carré et le doubler de papier sulfurisé.
Placer tous les ingrédients dans une casserole à fond épais et faire chauffer doucement en tournant jusqu’à ce que le sucre soit complètement dissout.
Porter à ébullition, couvrir et laisser bouillonner 3 minutes. Oter le couvercle et laisser bouillir jusqu’à ce que la température atteigne 116 °C. En l’absence de thermomètre à sucre, laisser tomber un peu de fudge dans un bol d’eau froide. Si une boule se forme, il est prêt.
Oter du feu et mélanger avec une cuillère en bois (environ 10 minutes) jusqu’à obtenir une texture de crème épaisse, matte et légèrement granuleuse.
Verser le fudge dans le moule et laisser reposer 30 minutes. Quadriller le dessus avec la pointe d’un couteau. Laisser prendre complètement puis couper en morceaux. Conserver dans une boite hermétique.
Pour d’autres recettes élaborées à partir d’ingrédient plus courants, allez voir les fudges au whisky d’Hélène et les fudges au chocolat et noix de pécan de Loukoum.

28 comments:

Rosa's Yummy Yums a dit…

Rhhhaaaa, ce fudge est mortel! La clotted cream est si délicieuse.

Un endroit magique.

Bises,

Rosa

Ben a dit…

Oh my! Tout ca me rappelle mes études universitaires a York pendant lesquelles je partais en randonnée presque tous les dimanches. Pluvieux, boueux, mais c'est tellement beau par la! Et a York il y avait un boucher qui faisait une cumberland sausage dé-li-cieuse. Maintenant j'habite en Hongrie - et la saucisse au paprika, ca n'est tout simplement pas pareil!
Pour une fois que je laisse un commentaire, j'en profite pour dire que j'aime beaucoup votre blog et que nombre de vos recettes de boulange sont passées de mon écran a ma table, pour le plaisir de tous ici.

NK a dit…

Plus je te lis et plus j'ai envie d'aller en Ecosse !! Hummm il devait être bon ce fudge :)

Gracianne a dit…

Hi hi, Rosa, mortel oui, haute teneur en cholestérol, ne pas en abuser surtout. Mais délicieux...

Ben, merci pour ce commentaire. Savoir qu'un lecteur fait mes recettes en Hongrie me fait super plaisir.
J'aime bien York aussi, c'est une très belle ville, mais nous n'y sommes pas passés cette fois-ci. Et effectivement, j'ai oublié de mentionner la pluie, le vent, ils sont présents aussi c'est clair. je n'ai retenu que la beauté de toute cette région.
Bonne boulange!

Réglisse, ce n'est pas l’Écosse, mais juste à la frontière, la Cumbria. Une région qui a des spécificités bien à elle, et notamment une population très accueillante en plus d'avoir des paysages de toute beauté. Mais je suis comme toi, je rêve d'aller un jour en Écosse, aussi.

Enitram a dit…

Un beau billet d'un pays que j'aimerais bien visiter!!!
Bon week-end !

Patrick Cadour a dit…

Accueillie par le dernier des jacobites, la classe !

Requia a dit…

Ca fait trop longtemps que je ne suis pas venue te lire. Haaaa ça fait du bien, on voyage dès la première ligne. Merci.

Hélène Picken a dit…

Tu as enfin trouvé le temps de l’écrire ce billet. On a l’impression d’y être déjà. Ces pierres levées sont impressionnantes. Et dire qu’elles datent de l’âge du bronze. Je penserai à faire un vœu.
Le Lake district est propice aux randonnées. Vous êtes vous arrêtés dans la maison natale de Wordsworth ? Au faite, Ton fudge était excellent. Nous testerons ta recette chez mes beaux-parents.

Je te souhaite de bonnes vacances

Camille a dit…

Je suis toujours époustouflée par les paysages de contes – les photos, et tes textes, donnent absolument envie de voyage.
(et forcément, j'adore l'association Cumberland sausage / café frais / oeuf)

Babzy.B a dit…

J'ai un très bon souvenir des Lakes districts où j'avais été visiter le musée Beatrix Potter avec mes enfants ;)C'est vraiment une région à recommander !

Gracianne a dit…

Enitram, ce n’est pas si loin, juste de l’autre côté de l’eau.

Patrick, tu m’as fait rire. Il n’y a que toi pour faire ce genre de jeu de mot. Il y a quelques années, je n’aurais pas saisi. Quand j’ai rencontré K. , il y a fort longtemps, on pensait plus à faire la fête qu’à étudier l’histoire de la région. Et l’histoire du Royaume-Uni n’était pas au programme du Lycée. Depuis, j’ai lu un peu au sujet du Bonnie Prince Charlie, des Stuarts, du mouvement Jacobite et de la bataille de Culloden. L’histoire du Royaume-Uni est au moins aussi troublée et sanglante que la nôtre.

Hello Réquia, welcome back ;) Ravie de t’avoir fait voyager un peu.

Hélène, oui ça m’a pris un peu de temps. Non seulement parce que je suis un peu débordée, mais aussi parce que je le trouvais difficile à écrire celui-ci. C’est un paysage qui m’a beaucoup émue, et c’est difficile de mettre les émotions en mots – d’ailleurs je n’en suis pas très contente, mais bref.
Il faut toujours faire un vœu quand on touche un menhir – on ne sait jamais, ça pourrait marcher.
Et non, nous ne sommes pas allés vois les jonquilles de Wordsworth – je ne suis pas certaine que mes enfants auraient été sensibles à la poésie romantique anglaise.
Merci pour le fudge. Contente d’avoir un avis éclairé ;)
Passez de bonnes vacances anglaises.

Camille, c’est exactement ça, tu as mis le mot dessus, un paysage de conte. C’était la troisième fois que nous allions dans cette région, et à chaque fois le paysage m’a fait penser au Seigneur des Anneaux. Je me demande vraiment si Tolkien n’avait pas cette région en tête quand il a écrit sa saga. Pas la Comté, mais le paysage de Bree à Rivendell. Jusqu’aux montagnes de brume autour de la Moria qui ont des noms un peu similaires (Caradhras, Celebdil et Fanuidhol). C’est peut-être mon imagination, mais c’est en tout cas un endroit assez magique.

Babzy, oui, c’est vrai qu’elle était du coin. Nous n’y sommes pas allés, je crois que mes enfants sont trop grands pour apprécier les oies et les petits lapins de Béatrix Potter
Mais il y a tant d’autres choses à voir.

dumè a dit…

délicieux voyage, ou ne manquent que les elfes et les lutins....
la fraîcheur de tes voyages me fait du bien après la.... touffeur de mes îles ; :)

Unknown a dit…

moi, j'adore le english breakfast, cela doit être mon côté allemand.....

Paprikas a dit…

Quand je veux faire une pause voyage, rêve et gourmandise je viens automatiquement chez toi ! C'est sans égale !

Riane a dit…

Sans aucun doute; ils avaient un grand sens de l'esthétisme mais aussi; je pense; un sens de la tranquilité et de la lenteur des choses que l'on a trop tendance à juger comme secondaire (quand on ne le ridiculise pas simplement)

Emilie a dit…

Superbe billet! Au Québec, on appelle ça du sucre à la crème :-) J'en fait en France en utilisant de la crème fleurette.

Unknown a dit…

merci pour ce petit moment d'évasion

Hélène (Cannes) a dit…

Eh, y'en a qui prennent le train tous les matins et d'autres qui traversent le Lake District pour aller travailler ... ;o))) J'ai de très bons, même si très vieux, souvenirs du Lake District ! POur le fudge, je ferai à la fleurette, alors, parce que vu le prix de la clotted cream chez Geoffrey's à Antibes, ça va me mettre le morceau de caramel au prix du kilo de caviar ! ;o)))
Bien joli billet !
Bisous
Hélène

Pascale (Snapulk) a dit…

Je ne connais pas du tout cette région, jamais monté aussi au nord en fait, je me dis toujours que je devrais mais mon instinct me dirige toujours vers le sud... ;-)
Et pourtant, ce que tu dis, avec talent, la fait paraître vraiment fantastique à plusieurs titres. Je vais remettre ça dans mes projets, avec en plus proche la fabrication de fudge. Deux fois que j'entends parler de clotted cream cette semaine, c'est un signe!

Gracianne a dit…

Dumè, oui, c’est frais, humide, mais peu importe. Les intempéries vont avec le paysage et le ciel tourmenté crée des jeux de lumière magnifiques.

Bolli, tu me fais rire. Je dois avoir un côté allemand aussi alors ;)

Merci Nadia, c’est sympa.

Riane, pour la tranquillité et la lenteur des choses, je ne suis pas certaine quand même. Ce sont des valeurs un peu bouddhistes ou taoïstes, qui me conviennent bien. Mais en ce qui concerne les hommes de l’âge du bronze, j’ai du mal à les imaginer très zen, j’ai plutôt la vision d’un monde très violent, guerrier, sur le qui-vive. Mais va savoir ?

Merci Emilie. Est-ce que tu as publié cette recette quelque part ? J’avais pensé essayer avec de la crème fraiche, mais je crois que la consistance ne serait pas la même. Mais effectivement, avec la crème fleurette entière, en la faisant cuire longtemps. Ceci dit, la clotted cream a quand même un goût particulier, qui reste bien présent dans le fudge.

Linou, de rien. Il en faut des moments comme ça. Tant mieux si ça marche.

Hélène, oui, certains ont plus de chance que d’autres. Quoique, une partie de mon trajet est dans la campagne quand même, on passe par de jolis paysages.
Je ne sais pas combien coute la clotted cream a Antibes, mais chez M&S elle était abordable. Et puis il n‘en faut pas beaucoup quand même.

Pascale, je ne suis jamais montée plus au nord que là. Ca fait longtemps aussi que j’ai envie de découvrir l’Ecosse, ou les Pays scandinaves. Comme toi, je suis plutôt attirée par les pays du sud en général, pourtant, à chaque fois que je vais dans cette région d’Angleterre, j’en reviens enchantée, je m’y sens presque chez moi.

Riane a dit…

Moi j'ai plus la vision d'un monde alternant; entre lenteur et précipitation, calme et urgence... Un va et vient continuel

Mijo a dit…

Oh... on ressent beaucoup d'émotion et de retenue dans ce billet. L'envie de nous faire partager cet endroit magnifique mais de nous le délivrer comme un secret pour que ce lieu ne soit pas envahi par trop de touristes.

"J'ai touché la pierre et j'ai fait un voeu". ça aussi, ça me touche mais je ne saurais dire pourquoi.

Anonyme a dit…

Bonsoir,
J'ai bien longtemps hésité avant de t'envoyer ce commentaire. Je visite ton blog très très régulièrement tant il me rappelle des souvenirs formidables en Angleterre, Le lake district, le lancashire, ta cuisine ressemble à celle que je fais à ma petite famille et je n'hésite pas à m'inspirer de tes recettes, l'Italie que nous connaissons aussi et qui me permet de re-voyager au long de l'année.
un grand merci pour toutes ces balades culinaires, pittoresques...
bises
Sophie xx

Gracianne a dit…

Riane, c’est une vision très romantique. On se saura jamais je crois, à moins d’inventer la machine à remonter le temps.

Mijo, c’est un pays d’une beauté émouvante, oui, qu’il faudrait partager à petites doses. Mais c’est une région d’Angleterre suffisamment célèbre pour que je ne me sente pas indiscrète d’en divulguer la localisation – en fait en été, c’est très touristique, à l’anglaise, avec des petites boutiques de souvenirs, des salons de thé tout mignons, etc.
Quant aux pierres levées, j’imagine que je ne suis pas la seule dans ce cas, quand j’en croise une, je pose la main dessus et je fais un vœu. Superstition personnelle. Je les trouve particulièrement émouvantes en raison du lien qu’elles créent entre nous et ces humains des temps anciens qui les ont érigées, on ne saura jamais trop dans quel but.

Bonjour Sophie, et bienvenue. Il ne faut pas hésiter, si tu me lis de temps en temps tu dois savoir que les commentaires de lecteurs me font toujours très plaisir. Ce sont ces commentaires qui font vivre un blog, sans eux on ne sait jamais vraiment pour qui on écrit, et si les recettes ont bien été transmises. Alors merci d’être venue laisser une petite trace.

Marielle a dit…

le paysage sur ta première photo ressemblerait presque aux fjords de Norvège. Les montagnes sont moins vertigineuses peut être en Ecosse. D'ailleurs on pouvait trouver de la Clotted cream dans les magasins là bas, ils ont même un grand choix de sauces pour la cuisine indienne également. Décidement, en France, on a moins de choix, dommage !!
je fonds littéralement devant tes fudges, hummmm.
bises

Noemi a dit…

tu as eu plus de chance que moi, Castlerigg, je l'ai vu sous la pluie et le vent!
Mais c'est superbe, et ces deux semaines passées au bord de Coniston water d'abord, de Derwentwater ensuite, restent un très très beau souvenir! En fait, à peine partie j'avais envie d'y retourner! Et la pluie, le vent, les lumières changeantes vont vraiment bien à ces paysages!

Mingou a dit…

Pendant longtemps, j'ai été attirée par les villes. Mais plus le temps passe, plus j'aime cette nature-là. L'Islande a encore renforcé ce sentiment... (Et je repense toujours avec émotion aux paysages incroyables traversés en Irlande)

Véro a dit…

Je ne connais pas l'Ecosse, pourtant j'ai longtemps eu une correspondance avec une instit de la région des Lacs (Cumbria, juste au sud). Ça me rappelle beaucoup l'Irldande aussi bien les paysages que la nourriture...
Sinon, la table du petit déjeuner me fait grave de l'oeil, bien entendu.

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